Du celluloïd au rhodoïd, le parcours d’un rebelle.
Pongiste, cuisinier, artiste rhodoïdomane, ces trois facettes du talent de Fabrice Perrier sont autant d’étapes dans le parcours de ce rebelle à qui j’ai enseigné le Tennis de Table alors qu’il n’avait pas encore fêté ses 10 ans et qui est toujours resté fidèle à son club, à tel point d’en avoir été le 11ème Président de juillet 2004 à juin 2005, en pleine tourmente dans nos relations avec la Municipalité de Couzon.
Fabrice, un pongiste celluloïdomane ?
Pas vraiment. Il n’aimait pas beaucoup la directivité des entraînements ni leur densité et lorsqu’il se retrouva dans un collège à horaire aménagé pour la pratique du tennis de table à Rillieux, cela ne dura pas très longtemps. Cependant Fabrice était particulièrement doué pour ce sport (l’un des plus doués parmi les centaines de joueurs qui ont suivi mes entraînements depuis plus de trente ans) et il monta très vite dans la hiérarchie pongiste.
En 1985, il est minime 2 (12 ans) il obtient son premier classement à 50 (1300pts), est Champion de Ligue en Double avec Philippe Muard. L’année suivante il passe 45 (1400). En 1987 il est Champion de Ligue par équipes en cadets, toujours avec Philippe (ACEL 1 cadets obtient la 7ème place au Championnat de France , voir Kouki http://www.acelcouzon.com/informations/solution-kouki-9 ) et monte 40 (1500).
En 1987-1988 il intègre ACEL 1 qui évolue en Régionale 1 où il se hisse à la 4ème place avec 45,45 % de réussite sur 12 journées et monte 35 (1600) pour sa première année chez les juniors mais donne déjà des signes de lassitude face au travail nécessaire pour suivre le chemin du haut niveau. Il restera titulaire de l’équipe fanion de l’ACEL encore deux saisons, puis on ne le voit pas revenir en septembre 1990, il a 17 ans, le haut niveau c’est pas pour lui.
Mais il revient en 91-92 pour jouer comme remplaçant en ACEL 2 qui évolue en Régionale 1 (entre temps ACEL1 a accédé à la Pré-Nationale) et restera dans son club pongiste favori pendant 8 saisons consécutives (il termine au classement 1500 en juin 99) et disparaît à nouveau.pendant deux saisons.
Il revient en 2001-2002 avec le classement 55 ((1200) et et en juin 2004 il retrouve son classement 45 (très exactement 1416 pts, soit 14) et est élu Président de l’ACEL !
Fabrice Perrier, Président de l’ACEL ! C’en est trop, il arrêtera définitivement sa carrière pongiste en l’issue de la saison 2005-2006 le classement de ses 12 ans, 20 ans plus tôt. Mais il ne nous a jamais réellement et fait tojours partie de l’ACEL au travers des cartes de Membre Honoraires.
Fabrice Perrier, un rebelle, certes, mais incroyablement fidèle au parfum du celluloïd.
Fabrice Perrier, un cuisinier sans brigade.
Le 24 janvier 1973, dans le 7ème arrondissement de LYON, vient au monde un beau bébé de 2,7kg et a pour prénom, Fabrice. Cinq ans plus tard il se retrouve sur les terres de son père à CAILLOUX SUR FONTAINES et suit une scolarité exemplaire arrivant en 4ème avec un an d’avance. Mais là, tout se délite : il redouble sa 4ème puis redouble sa 3ème, c’en est trop! Toutes les portes des établissements publics se ferment et se sera le déclic;
Par orgueil, Fabrice entre à Jeanne de France, une école hôtelière de haut niveau, où il est bien décidé à montrer que rébellion ne veut pas dire refus d’apprendre ou de travailler dur. Il reste 4 ans dans cette école où il apprend avec passion l’art culinaire et l’art du service. Faisant de nombreux stages, notamment à L’AUBERGE DES CHASSEURS À BOULIGNEUX, un restaurant réputé de l’Ain et dont il a toujours conservé un excellent souvenir, Fabrice obtient successivement, son CAP, son BEP puis son baccalauréat professionnel option service qu’il a choisie pour l’esthétisme bien que sa passion secrète soit la cuisine.
La cuisine, certes mais surtout la soumission à un « Chef », pas la dilution dans une brigade de petits chefs, bref, il travaillera seul et malgré les aléas et l’insécurité que cela comporte.
Il devient alors son propre Chef en plat du jour à L’ÉCLUSE à COUZON, puis à ISLAND PLAGE comme chargé du développement et du renouvellement de la carte du restaurant, une belle mission. Hélas, seul en cuisine, il doit assurer deux cents couverts par jour sans être maître des achats, une bonne expérience mais bien éloignée de sa mission première. Entré en avril 1996 il quitte cet établissement en octobre 1996, dégoûté.
Il ne retrouvera la créativité culinaire qu’en 1999, en tant que responsable du bar-restaurant associatif de la MJC MONTPLAISIR (l’une des plus importantes MJC de France) où il a carte blanche pour gérer l’ensemble de l’activité, tant en cuisine, qu’au service ou dans l’animation, enfin le bonheur ! Il reste à la MJC jusqu’en juin 2006, et disparaît de LYON.
On retrouve le Chef PERRIER à SAINT-ÉTIENNE, où, depuis le 1er janvier 2012. il est responsable du bar-restaurant de l’Amicale Laïque de la Côte Chaude. Fabrice a retrouvé ainsi la joie de s’exprimer dans sa créativité culinaire, dans endroit riche de son passé de labeur, où les gueule noires venaient chercher pitance et réconfort.
Comme on peut le constater il y a bien des lacunes dans le parcours professionnel et sportif de ce rebelle….
Fabrice PERRIER le rhodoïdomane
Il n’a pas oublié ses amours celluloïdiques, mais, maintenant, à l’aube de sa quarante-et-unième année, Fabrice se laisse aller à sa passion artistique, faire quelque chose de ce presque rien, « sublimer » cette feuille ridiculement translucide qui sert à peu près à tout, il est devenu totalement accro du rhodoïd.
Son parcours artistique
Pour trouver les racines de cette vision artistique de l’artisanat, il faut remonter à 1991, année où il débute sur RADIO CANUT (la première radio libre et qui se présentait comme « La plus rebelle des radios ») en tant qu’animateur de l’émission FECALUM CERULYSE qui passait entre 12h et 13h et traitait de la musique rock, punk et cold wave. Il y restera jusqu’en 1993, année de ses vingt ans et l’obtention de son statut d’objecteur de conscience. Ce statut lui permet d’entrer à la MJC de MONTPLAISIR et y obtenir son diplôme d’animateur. Puis c’est le trou noir artistique.
En 1997, c’est la renaissance grâce à Jospin et ses emplois jeunes. Fabrice en profite pour présenter sa candidature au collège JEAN ZAY en juillet et débute en septembre comme assistant technique multimédias. Mais la rigueur administrative le fait suffoquer et, en pleine dépression, il s’enfuit en juillet 1999.
A partir de septembre 1999, dans le cadre de ses activités de responsable du bar associatif de la MJC MONTPLAISIR où il a enfin trouvé de quoi rêver, Fabrice a l’occasion de travailler avec Mireille BATBY, une plasticienne de la performance, en tant qu’assistant réalisateur monteur vidéo, photographe. Et c’est le choc, il découvre le rhodoïd et est submergé par son élan créateur………
….qui va le conduire de cette chose…
……………………..à l’immensité glacée de ces images »figées et définitives »Les outils de l’artiste
Fabrice se définit plutôt comme un artisan d’art plutôt que comme artiste, et ses créations transpirent le travail incessant et méticuleux de l’artisan dans son atelier jonché de fils de fer…………………………………………………
Pour créer ces immenses images à partir de feuilles de rhodoid A4 coupées en 4 ou 8, il faut
Une scie à métaux, une cintreuse, une meuleuse, un photocopieur, des oeillets pour chaussures, des crochets esses avec ronds inox, des tubes inox, de la colle loctimétaux .
- Fabrice au travail, mais que fait-il ?
- Il perce, il coupe, il meule, il agrandit au photocopieur, répétant ces mêmes gestes d’artisan des milliers de fois, jusqu’à ce que l’oeuvre unique surgisse enfin dans le réel.
- Pendant longtemps il a utilisé des photographies de chanteuses underground du rock et du punk, une source primordiale de son énergie créatrice qui se révèle après que « Par un principe de récupération, d’assemblage, ces images subissent une simplification de leur sujet, une symbolisation de leurs caractéristique, une fétichisation de leurs atouts jusqu’à en déceler leurs origines »
- Son lieu actuel de création
- Son travail d’artiste commence à LYON où, de mai 2004 à novembre 2005, il expose dans de nombreux lieux comme « LA-BAS SI J’Y SUIS » (rue royale), « GALERIE CHOMARAT » (Lyon 8ème), « AS IT IS » (d’octobre 2004 à février 2005), « THE GALLERY », (théâtre de la scène sur Gerland, Lyon 7ème) ou « L’ESCALIER » (Lyon 1er) et dans les alentours de sa ville natale comme à Belleville sur Saône au « FESTIVAL SUMMERTIME » ou à Perouges à la « MAISON DES ARTS CONTEMPORAINS » ou bien encore à « L’ÉPICERIE MODERNE » à Feyzin.
- En 2006 il décide de partir pour ST-ÉTIENNE où il achète des locaux désaffectés pour en faire, après trois ans de travail d’artisan solitaire, un superbe loft de 200m2 devenu son dernier lieu de création et où il habite avec son amie et ses trois enfants.
- Quelques échos de l’artiste dans la presse
- ET MAINTENANT ?
- Fabrice PERRIER continue son travail d’artisan d’art avec la même passion créatrice et principalement sur commande, tout en étant très pris par ses responsabilités dans le bar-restaurant associatif du quartier de la Côte Chaude de SAINT-ÉTIENNE, une ville engagée vers la modernité où les artistes se sentent bien.
- Pour terminer ce 6ème GPS, je laisse la parole à l’artiste…
- « Avant d’être modèle pour mes tableaux, les images que je choisis sont, pour moi, des évocations stylistiques et intimistes, explicites, sexuelles et offensives aux allures d’égéries intouchables, aux charmes vénéneux.
- Privilégiant la spontanéité, l’expression et l’énergie, je crée comme ces artistes, dont j’utilise l’image, avec mes propres moyens, mes propres apprentissages. Dès lors que ma technique artistique – mon amateurisme savamment étudié – s’adapte à cette culture underground, elle devient le creuset d’une autre esthétique, où les attributs et les codes d’une sexualité machistes attirent et repousse le regard de l’autre, brouillant les apparences, brisant les stéréotypes d’un montré vulgaire et revêche » Un petit rappel pour les anciens acéliens : certaines des photos de ce GPS ont été prises par votre serviteur lors d’une exposition dans la salle Joseph Chatain à Couzon au Mont d’or en juin 2006. Les reconnaissez-vous ?
- Maître Sibor »